HEATHER CAMPBELL ☾ i wish we had more time.

— BEFORE —
La moisissure du banc, les traces de sang sèches parcourant l'étendue de la cour, ce désert immense et ce silence pesant. C'était ce qu'elle représentait, maintenant. Pourtant, dans ses souvenirs, cette école maternelle avait eut une toute autre signification aux yeux d'Heather. Les rires d'enfants jouant lui parvenaient de manière bien distincte aux oreilles. Et ce vide qui s'étendait sous ses yeux semblait soudainement se remplir, alors que les souvenirs lui remontaient en mémoire. C'était peut-être hier. Ça remontait pourtant de bien plus loin que ça. Les images dansaient sous ses yeux, alors que ses pas la les firent heurter. Douce mélancolie, qu'elle s'en souvenait. « C'est pour vous, Miss Campbell. » L'innocence en personne, et un sourire qui vous rendait heureux. Elle attrapa la tige de la fleur entre ses doigts, remercia l'enfant timide qui repartit en courant vers ses copains. Elle se retourna vers ses collègues, amusés. Le temps, cette après-midi là, rayonnait et apportait une chaleur conséquente. Ç’avait été une belle journée. Pourquoi songer à celle-ci plus qu'une autre ? Pourquoi songer à cette partie de sa vie, et pas à une autre ? Disons que d'une manière ou d'une autre, cette après-midi avait su la marquer bien plus qu'autre chose. Ces enfants aussi. Protéger leur innocence et les guider sur le droit chemin, ç'avait été son boulot. Un devoir qu'elle s'était engagée d'accomplir. Elle avait ses raisons. Tout le monde a ses raisons. Et si les difficultés de la vie avaient su la mettre à genoux, Heather s'était relevée. Et la personne de bonne volonté qu'elle était avait continué de tracer sa route, malgré les quelques fois où elle avait failli flancher. Fallait dire, aussi, que sa famille, elle ne leur parlait plus. Ils n'avaient été d'aucun véritable soutien dans sa vie. Un père qu'elle n'avait jamais pu connaître, une mère qui profitait de ce que ses filles avaient à lui offrir, et une sœur dont elle était séparée à cause d'une dispute. Jamais elle n'avait eut le courage de revenir. Jamais elle n'en aurait plus l'occasion. Pour sa mère, en tout cas, c'était certain. Celle-ci avait périt lorsque tout a commencé. Mais lorsque les morts ont commencé à se relever, Heather était encore emprisonnée entre les quatre murs d'une salle de classe, à faire cours, du moins jusqu'à ce que la sonnerie ne daigne retentir. Une sonnerie qui camoufla les cris d'horreur d'une vérité en train d'éclater. Une vérité qui allait tous les condamner. La première fois qu'elle les aperçut, ce fut incompréhension. Confusion. Surprise. Dégoût. Une réaction normale, pour une personne normale. Et une véritable terreur en découvrant quelles étaient ces créatures aux visages familiers. Lorsqu'on évacua l'école, le premier réflexe d'Heather fut de rejoindre le cocon familial. Elle avait eut un mauvais pressentiment, un très mauvais. La panique dans les rues ne firent que la ralentir, et les horreurs qu'elle y vit la bouleversa. « Dans la tête ! » Qu'elle entendit hurler derrière elle, jusqu'à ce que de nouveaux cris – de douleur, probablement, lorsqu'elle y repense – firent écho à ses oreilles. Elle continua sa route sans même un regard derrière elle, peut-être bien trop préoccupée à vérifier devant elle qu'une de ces créatures ne s'en prenne pas à sa petite personne. Jusqu'à ce que ce soit à son tour d'affronter cette terrifiante nouvelle. « Maman ? » Qu'elle avait appelé. Une fois, deux fois. Une silhouette de dos, une main sur son épaule, et elle comprit bien rapidement que cette derrière était devenue ce que tout le monde devenait. C'était encore récent. Tout frais. Quelques heures, probablement. Son cadavre ambulant semblait plus humain. Mais aussi mort que les autres. Une morsure ornait son cou. Et elle comprit. « Dans la tête ! » Résonnait la voix qu'elle avait entendue plus tôt. Alors, elle attrapa un couteau, et elle le lui planta. « Dans la tête. » Répéta-t-elle. Le corps de sa mère cessa de bouger, et elle le laissa retomber lourdement sur le sol, encore en état de choc. Bordel. Sa première fois. Elle s'en souvenait aussi comme si c'était hier. Et c'était pas agréable. Elle s'était vite rendue compte que le couteau allait devenir problématique. Elle avait besoin de garder un minimum de distance entre elle et ces créatures. Les images s'évanouirent aussi vite qu'elles étaient apparues lorsqu'un râle retentit derrière son dos. Instinctivement, elle se retourna, et recula vers les outils de jardinage qui étaient restés éparpillés dans un coin de la cour. Elle attrapa une pioche, qu'elle enfonça dans le crâne de Miss Rollins, et son corps en décomposition retomba raide mort sur le sol.