Jaesun Lee + I've never thought life would end like this, it's scary.

— BEFORE —
Tout commence en 1992, lorsque mes parents, après leur mariage à Séoul, quittent la Corée pour venir s’installer aux Etats-Unis suite à la mutation de mon père dans le Montana, à Helena. Je n’étais pas encore né et ce n’est que neuf ans plus tard que je suis enfin venu au monde. Le premier septembre 2001, à Helena. D’après ma mère, il faisait beau ce jour, l’été approchait doucement de la fin mais le soleil brillait toujours avec autant de vigueur dans un vaste ciel bleu. Mon père a toujours confirmé cette histoire, ajoutant à cela que c’était ma naissance la cause de ce temps radieux. J’étais leur soleil, leur rayon de bonheur.

Jusqu’à ce qu’un vilain nuage noir, épais et de mauvais augure ne vienne tâcher tout ça. Je venais de fêter mon septième anniversaire lorsque nous avons appris avec peine la maladie de ma mère. Un cancer du sein à un stade trop avancé pour qu’il puisse être guérit. Elle nous a quittés six mois plus tard, laissant derrière elle un petit garçon perdu sans sa maman et un père de famille ravagé. Les mois avaient beau défiler, le temps restait comme figé, douloureux, interminable. Je voyais mon père se dégrader sous mes yeux innocents, je n’osais même plus pleurer, comme si du haut de mes sept printemps j’avais compris qu’il fallait une âme solide dans ce foyer saccagé.

Puis un jour, comme si le soleil était revenu au-dessus de notre toit, papa s’est repris en main après deux ans de descente aux enfers. Nous avions déménagé à la campagne, dans un recoin isolé à mi-chemin entre Helena et Great Falls. Mon père avait quitté son job pour se concentrer sur un métier de fermier. C’est comme ça, que nous avons appris à vivre au beau milieu de la nature, à nourrir des bêtes et faire pousser des cultures. Je me sentais bien, libre et je me souviens que j’allais souvent monter à cheval ou encore prendre soin des vaches et autres animaux que nous possédions. Un renouveau qui fut rapidement accompagné par l’arrivée de Bonnie et Davis dans nos vies. Elle, c’était la nouvelle petite-amie de mon père, une petite femme rondouillette avec des grands yeux noisette pétillants. Elle inspirait confiance et est devenue assez vite comme une seconde mère pour moi. Davis, c’était son fils de deux ans plus âgé que moi. Nous nous entendions plutôt bien, comme deux frères bien que nous n’avions aucun lien de sang. Tout était redevenu beau chez nous, le foyer détruit avait été reconstruit et nous avons vécu dans ce cadre paisible pendant plusieurs années.

A l’école, je n’avais pas vraiment d’amis. Je pouvais les compter sur les doigts de la main, si on excluait ma relation presque fusionnelle avec Davis. Plutôt du genre timide, je me contentais bien du fait de ne pas avoir foule autour de moi pour me divertir. J’étais, comme l’aurais dit bon nombre d’adulte, un petit garçon dans sa bulle, débordant d’imagination… Trop pour être compris par ceux de mon âge. Alors que beaucoup de mes camarades se voyaient devenir pompier, policier, médecin ou encore chanteur de Hip Hop, moi je m’imaginais plutôt chasseur de dinosaures ou encore aventurier sur des planètes inconnues. C’est un peu pour ça que je suis assez maladroit quand je rencontre quelqu’un de nouveau. Non, les autres ne me font pas peur, non je ne me sens pas mal à l’aise en présence d’autrui. J’ai simplement peur de finir rejeter parce que j’aime me plonger dans mon petit monde, même encore aujourd’hui.

J’ai fêté mes dix-sept ans il y a quelques mois, et pourtant je reste ce même garçon grand, incertain, presque frêle malgré ma passion secrète pour la course. Mes grands yeux noirs n’ont rien d’effrayants, certains diront même qu’on peut aisément y lire de l’innocence. Et ils n’auront pas tort. Je n’étais pas prêt pour ce qui allait venir, personne ne l’était c’est clair ! Mais moi, je n’aurais jamais dû m’en sortir…